Article paru dans le Bulletin Unité N°59 de juillet 2021.
Depuis le 23 mai, plusieurs centaines de personnes sans papiers sont en grève de la faim à Bruxelles pour arracher la légalisation des 150.000 migrants présents en Belgique. La régularisation massive des sans-papiers est contradictoire avec l’accord du gouvernement fédéral dans lequel siègent socialistes et écologistes.
L’accord du gouvernement d’octobre 2020 ne prévoit rien en matière de régularisation et poursuit la politique de centres fermés tout en précisant qu’il s’agit « de miser davantage sur le retour volontaire et de renforcer l’accompagnement dans toutes les phases de la procédure ».
A la Chambre, le 1er juillet, le premier ministre, Alexander De Croo, a affirmé qu’il n’y aura pas de régularisation collective. Quelques jours plus tôt, le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi, avait affirmé : “Si vous régularisez 2.000 grévistes de la faim, demain 20.000 autres feront de même”. Il faut dire que certains partis veulent limiter la régularisation aux seuls grévistes de la faim.
Ce 5 juillet, le sénateur Ecolo Rodrigue Demeuse argumente dans ce sens : « Il y a eu des grèves de la faim par le passé, que ce soit Maggie De Block, Patrick Dewael ou Melchior Wathelet, des solutions ont pu être trouvées. Il ne faut pas attendre un mort, il faut qu’on puisse trouver des solutions humaines. »
Le journal L’Echo commentait le 30 juin ainsi la situation politique : « (La) demande de conférence interministérielle a été une nouvelle fois exprimée par le PS (…). Sans grand effet jusqu’ici. Il n’est pas question pour les partis de la Vivaldi de mettre un coup de canif à l’accord du gouvernement au risque de créer un « engrenage » qui nuirait à la stabilité de la coalition. PS et Écolo sont aussi pressés sur leur gauche par le problème qu’isolés au sein du gouvernement De Croo. »
Selon le PS, la conférence interministérielle doit aboutir à « l’établissement de critères clairs et objectifs inscrits dans une loi pour une régularisation individuelle des sans-papiers ».
A l’heure où ces lignes sont écrites, rien n’indique que le gouvernement fédéral va céder face à la mobilisation. Cela étant, comme pour la question de la hausse des salaires, constatons une fois de plus que les partis socialistes se sont bloqués dans un accord gouvernemental qui les lie de la tête aux pieds, cette fois-ci contre les intérêts de cette fraction particulièrement exploitée de la classe ouvrière que sont les personnes en situation de séjour illégal.
Une fois de plus, cet accord du gouvernement doit sauter car il assure en fait la continuité du précédent gouvernement avec la N-VA, ce qui ne fait qu’ouvrir la voie à l’extrême-droite.
RG
Aujourd’hui, 23 juillet, malgré que les ministres PS et ECOLO ont menacé de quitter le gouvernement s’il devait y avoir un mort, les sans-papiers mentionnés dans cet article ont décidé d’arrêter leur grève de la faim suite aux risques pour leur santé et surtout suite à de vagues promesses qui ne modifient pas la situation des sans-papiers en profondeur.
Nous ne manquerons pas de revenir sur le sujet dans nos prochains numéros du Bulletin Unité.
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