Rarement un tel gouffre aura séparé et opposé « le pays d’en bas » et le « pays d’en haut ». « En bas », ce 9 janvier, par centaines de milliers en grève et en manifestation, les travailleurs ont réaffirmé, pour reprendre le mot d’ordre de la ligne 9 des agents de la RATP : « On ira jusqu’au retrait. »
« En haut », ce 9 janvier, le gouvernement a maintenu tout son projet, avec un ajout : l’obligation faite aux organisations syndicales de mettre en place elles-mêmes l’étranglement financier du futur régime de retraite !
Pour le reste, tout est maintenu. À commencer par l’essentiel : l’instauration d’un système par points liquidant tous les régimes existants, à commencer par le régime général.
Jusqu’à présent, nos régimes de retraite nous garantissaient des prestations, c’est-à-dire des pensions établies sur la base de calculs et de règles connus à l’avance.
Demain, le régime par points ne nous « garantira » qu’une seule chose : nous achèterons des points dont la valeur à l’achat et la valeur lors de l’établissement de la pension seront, au bout du compte, définies par les contraintes budgétaires du gouvernement et de l’Union européenne.
Travailleurs, ne nous laissons pas duper par la campagne en cours sur les « concessions » du gouvernement. Plus que jamais, c’est le retrait qui est l’objectif du combat, et rien d’autre.
Comment y parvenir ? Après cinq semaines de grève, le gouvernement table sur l’épuisement et le pourrissement et la répression. Les travailleurs, eux, font la preuve en chaque circonstance d’une détermination sans équivalent depuis des décennies.
De plus en plus, dans les assemblées générales, les comités de grève et les cortèges des manifestants, une exigence revient : il faut y aller tous ensemble dans la grève générale pour contraindre Macron à céder. Oui, qu’il retire sa réforme… ou qu’il se retire avec elle !
La grève générale suppose qu’à tous les niveaux l’unité se réalise pour l’imposer. En bas, c’est très largement chose faite. Mais aux sommets des organisations, l’appel à trois nouvelles journées d’action les 11, 14 et 16 janvier est-il une réponse à la hauteur de l’enjeu ? Non, chacun le sait.
Sous peine de contribuer à la dislocation du mouvement, les dirigeants des organisations syndicales qui ont appelé depuis le début à la grève pour le retrait ont le devoir d’appeler, clairement et publiquement, à la grève générale pour le retrait, la grève générale jusqu’au retrait.
Vendredi 10 janvier, 14 heures
La Tribune des Travailleurs, journal du POID